Traditions

 

Le mundju contre les mauvais esprits.

Le mundju signifie plante aux esprits, et par conséquent son rôle est de chasser ceux qui seraient maléfiques. On l'utilise de différentes manières. Parfois on tresse ses rameaux flexibles en arcades que l'on dresse à l'entrée du village. On peu aussi en planter des pieds autour de l'arbre talisman ntsilo, de façon à ce qu'en croissant ces plantes, finissent par former un véritable bosquet sacré autour de l'arbre.

On pense qu'autrefois le ntsilo pouvait être une mixture dans laquelle entraient les entrailles d'un ennemi tué à la guerre.

Actuellement il s'agit d'une fosse, que l'on creuse au milieu de la place du village et dans laquelle on place un crâne ou un ossement quelconque d'un ancêtre. Au dessus de la fosse on plante un arbre sacré qui d'ailleurs peut être massif de mundju lui même, qui symbolise alors la paix.

Si un différent quelconque s'élève entre les villageois, ils devront venir verser de l'eau au pied de ntsilo pour marquer leur désir de réconciliation.

Près de la tombe du roi Louis, à Libreville s'élève un ntsilo de ce genre .

(source, Le Gabon aujourd'hui)

Sérum ou épreuve de vérité.

Il existe parait il une plante dont le nom est gardé secret, pour les européens tout au moins, et dont la propriété serait comparable à celle du penthotal: les feuilles froissées sous le nez d'une ou d'un présumé coupable pendant son sommeil le forcerait à parler et à dire la vérité. André Raponda-Walker affirme que cette plante existe, mais que le secret continuera à être bien gardé à l'égard des étrangers.

En revanche, l'épreuve de vérité, semblable à ce qu'en Europe on appelait "le jugement de Dieu", au cours duquel l'accusé devait subir soit le feu soit la noyade, soit le poison et ne pouvait faire justice de l'accusation qui le frappait que s'il s'en sortait vivant, est beaucoup mieux connue.

Le mbumbu est un poison réalisé en faisant tremper dans l'eau des râpures d'un arbuste spécial, le strychnos icaja. Au bout de 10 minutes, l'accusé doit boire cette mixture qui provoque des malaises cardiaques, l'enflure du visage, un épaississement de la langue, de la torpeur et finalement la mort. Notons qu'à faible dose si l'accusé parviens à uriner et à éliminer le poison, il est sauvé et déclaré innocent. Chez les fangs, le poison d'épreuve est extrait d'une autre plante, sorte de légumineuse arborescente de la forêt.

(source, Le Gabon aujourd'hui)

 Strychnos icaja: Ce sont des arbustes, des lianes ou de petits arbres souvent épineux, à feuilles opposées. Le fruit est une baie plus ou moins charnue, et dans le cas de l'espèce la plus connue (Strychnos nux-vomica, la noix vomique), les graines, très toxiques, contiennent de la strychnine. Lorsque l'on évoque le nom "Strychnos", ce sont donc les mots "strychnine", "poison", "mort-aux-rats" qui viennent généralement à l'esprit de tout un chacun.

Le rôle du Nganga:

Le Nganga est un personnage complexe, dont la spécificité semble être la connaissance des propriétés pharmacodynamiques des plantes liées à celles de toutes les forces qui relient les végétaux à l'homme, aux animaux, minéraux, astres etc...En un mot de tous les principes spirituels et matériels qui unissent les être et les choses aux forces cosmiques. Cette double orientation à la fois terre à terre et spiritualiste lui donne souvent la possibilité de voir les choses cachées ou éloignées et de les rendre visibles à d'autres, notamment pendant les séances de Bwiti. On dit que le roi Denis Rapontchombo était doué de cette faculté.

Cependant il semble qu'il n'y ai pas une seule sorte de Nganga, mais une douzaine de branches, comme en médecine européenne, il y a de spécialités. Le terme de Nganga doit être réservé uniquement à ceux qui ont été formés pendant de longues années par un maître éminent dans l'art de guérir et d'étudier les relations entre les mondes visibles et invisibles.

Si le Nganga dispose d'un arsenal de plantes dites magiques, il possède aussi une grande connaissance des propriétés diverses des végétaux. Certains étendent cette science aux insectes, aux roches, en un mot à tous les domaines : botanique, zoologique et minéralogique.

(source: Rites et Croyances des Peuples du Gabon)