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La légende de Mamiwata:

Les Africains se sont inspirés des figures de proue sur les navires qui étaient sensés apporter l'abondance pour en faire une déesse bienfaisante, mais l'histoire et les drames qui l'accompagnent l'ont transformé en créature mythique maléfique, mais (comme c'est souvent le cas) super canon !!!!

"Mami Wata, mother water: la mère des eaux, la sirène, la déesse hybride, femme-poisson apparue et vénérée en Afrique au moment de la rencontre entre Blancs colonisateurs et Noirs bientôt colonisés. Objet d'un culte qui se répand bientôt dans toute l'Afrique occidentale et centrale, elle devient la déesse préférée des "femmes libres" des villes africaines postcoloniales, fait l'objet de rites propitiatoires, de magie noire et de sorcellerie, mais est aussi source d'espérance en une vie meilleure. Symbole de ces femmes libres qui effraient et fascinent...

Mais alors me direz vous vous , d'où vient l'origine du mot Mamiwata ? anglo saxone ou réellement de la tradition africaine ?

Pour l'exemple, Mamiwatta illustre parfaitement les pièges de cette vision fondée mais quelques fois trop rapides des emprunts africains, souvent abusivement interprétés comme des signes de déficiences linguistiques autochtones...

La plupart des pays africains situés sur les côtes occidentales du continent, aux abords des fleuves et même des rivières à l'intérieur du continent et dans sa diaspora américaine, accordent une certaine importance à Mamiwatta, cette déesse mi-poisson mi-humaine réputée dotée de pouvoirs magiques, susceptibles d'entretenir des relations amoureuses avec les terriens.

La figure de Mamiwatta est aussi associée à un mythe, un imaginaire populaire très fécond et très ancien se perdant dans la nuit des temps, sans rien céder de sa place dans les croyances populaires, profanes ou sacrées.

Le lien entre cette divinité de l'eau, bienfaitrice et protectrice et sa consonance anglo-saxonne a vite été fait et considéré solide. Mamy et water renvoyant à mère et à eau, s'accordent en superficie plutôt bien avec l'idée que l'on se fait de Mamiwatta. Une sirène des mers !!

Selon le chercheur Basile Goudabla Kligueh qui a passé plus de 20 ans à travailler sur le Vodu, Mamiwatta chez les Adza-Tado,( peuples répartit entre le Togo, le Benin et le Ghana, principalement Evé et Fon), vient de « Ma mi ata » signifiant «je ferme la jambe» ou «ma mi wo ata» qui veut dire «je ferme ta jambe» chez les Evé. D'où Mamiwatta ou Mami Ata. En fait l'adepte de Mamiwata ,est soumis à un régime sexuel d'interdit quand il doit recevoir la visite de la sirène qui prend une apparence humaine. Il doit donc «fermer ses jambes», « ma mi ata », sous entendu s'abstenir des plaisirs amoureux sur le plan physique. Il lui revient aussi de «fermer les jambes» de son partenaire terrestre, «ma mi wo ata» signifie «je ferme tes jambes».

Selon Goudabla Kligueh, maître Vodu, la relation avec Mamiwata est telle que le Mamisi (l'homme) qui ne respecterait pas l'interdit de l'abstinence sexuelle le jour dédié à la Sirène encours le risque d'impuissance sexuelle ou de rapports sexuels perturbés avec son partenaire. On dit alors que Mamiwata «ferme les jambes» du partenaire du Mamisi. Une infécondité pourrait en découler.

Le champ sémantique des évocations de Mamiwata chez les Adza-Tado, les prières adressées à la divinité mentionnent les «jambes» et les «bras» que les adeptes lui attribuent. Mami wo ata, «celle qui fait les jambes», «Mami wo abo», celle qui fait les bras, paroles de rituels désignant la Sirène expriment respectivement l'idée que le génie se fabrique des jambes pour rejoindre son conjoint terrestre, et l'idée de l'attribut de fécondité reconnu à Mamiwata, car faire des jambes et faire des bras est une métaphore de fabriquer un enfant.

L'étymologie populaire des Evé et des Fons d'Afrique de l'Ouest rend donc parfaitement compte de l'idée que l'on se fait de Mamiwata, divinité des eaux et concubine invisible mi-femme mi-poisson, sans recours à une langue d'importation. Pourtant la consonance Mamy Water aurait suggéré spontanément une origine non africaine du mot et peut-être du culte.

Un cas éclairant parmi tant d'autres !! A vous de voir !!!!